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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 3
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Wyzewa, Teodor de: Le mouvement des arts en Allemagne, en Angleterre et en Italie
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0276

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LE MOUVEMENT DES ARTS

EN

ALLEMAGNE, EN ANGLETERRE ET EN ITALIE

Le musée de Schwerin et la peinture allemande au xvne et au xvmü siècles. — Hans
Dürer. — Les premiers ouvrages de Michel-Ange. — Travaux divers sur l’art italien.
— Lettres de Dante Gabriel Rosetli. — Ln tableau vénitien retrouvé en Bohème.

ans une église de village, en Silésie, j’ai vu autrefois un
vieux diptyque dont le souvenir me revient souvent à
l’esprit. Ce diptyque était le fidèle commentaire de la
phrase fameuse : « 11 a rabaissé les puissants, et il a
exalté les humbles. » Le peintre avait représenté sur le
panneau de gauche la hiérarchie complète des hommes
de ce monde. Au sommet d’une colline étaient assis sur
des trônes d’or, vêtus de manteaux de velours et de
soie, avec le sceptre en main et la couronne sur la tête,
les rois, souriant à leurs reines qui souriaient aussi, heu-
reuses et fières sans doute de se voir si somptueusement habillées. Au-dessous des
rois, assis sur des façons de tabourets, c’étaient les ministres en robes noires, les
magistrats en robes blanches et les seigneurs avec leurs dames, et maints autres
beaux personnages qui figuraient apparemment la haute banque de ce temps-là.
Debout un peu plus bas, c’étaient les officiers, les prêtres, les professeurs : tous
avaient encore bonne figure. Il y avait aussi des bourgeois aisés, plusieurs accom-
pagnés de leurs femmes et de leurs enfants; il y avait même des petits chiens gros
et gras, la queue en trompette, qui paradaient parmi cette foule, exprimant à
leur manière leur satisfaction d’être ce qu’ils étaient. Au-dessous, visages, costumes
et attitudes devenaient moins gais. C’était déjà la troupe des prolétaires; on y
voyait pêle-mêle des paysans, des valets, des manouvriers; et au-dessous d’eux il
yen avait déplus misérables encore, quelques-uns à demi nus, d’autres attachés à
des piloris, d’autres agenouillés avec la corde au cou. Femmes, enfants et chiens
ne manquaient pas là non plus : mais comme tout cela était maigre, affamé,
mélancolique !
 
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