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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 15.1889 (Teil 1)

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Kjui, Cezarʹ Antonovič: Cours de littérature musicale des œuvres pour le piano au conservatoire de Saint-Pétersbourg, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25867#0057

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COURS

DE

LITTÉRATURE MUSICALE DES OEUVRES POUR LE PIANO

AU CONSERVATOIRE DE SAINT-PETERSBOURG

I

Le cours de littérature musicale des œuvres pour le
piano, commencé au Conservatoire le 16 septembre 1888,
se poursuivra sans interruption jusqu’aux examens du
mois de mai 1889. Ce cours, entrepris par M. Rubinstein,
consiste dans l’exécution, accompagnée d’explications ver-
bales, des œuvres écrites
pour le piano depuis
leur première appari-
tion jusqu’à nos jours.

Le nombre vraiment
prodigieux des mor-
ceaux exécutés donnera
aux auditeurs une idée
très vivante du déve-
loppement graduel de
la musique de piano,
tant sous le rapport de
la technique que sous
le rapport de l’idée.

Les auditeurs, en
nombre assez restreint,
à cause des petites di-
mensions de la salle du
Conservatoire, se com-
posent des élèves des
cours supérieurs de
piano, des élèves de la
section pédagogique, et
des professeurs du Con-
servatoire. En outre,

M. Rubinstein a ac-
cordé quarante places
gratuites aux profes-
seurs de piano spécia-
lement, abandonnant
au public les places res-
tantes au profit de la
caisse de secours desti-
née aux élèves pauvres
du Conservatoire.

Le cours d’histoire
littéraire de la musique
de piano présente en
lui-même un vif intérêt
pour tout amateur de
musique sérieux; mais il prend une importance capitale
entre les mains de M. Rubinstein, tant à cause de son in-
terprétation personnelle que de ses remarques verbales.
Quant à l’exécution de cet artiste si convaincu et d’une
érudition si accomplie, il est inutile d’en parler, c’est
l’exécution d’un pianiste génial. Quant à ses commentai-
res, malheureusement trop laconiques, ils sont d’une jus-
tesse et d’une originalité remarquables. Par cela même
qu ils expriment l’opinion bien réfléchie d’un musicien

hors ligne, ils présentent le plus vif intérêt et sont d’une
valeur sérieuse; ils méritent donc d’être reproduits aussi
exactement que possible; c’est la tâche que je me propose
dans cette série d’articles.

La revue de l’histoire de la musique, dit-il, est plus
facile à faire que celle de tout autre art quelconque, parce
que la musique est un art relativement jeune. Les premières

compositions pour le
piano remontent à trois
cents ans au plus, tandis
que les productions de
la poésie épique (Ho-
mère), de la poésie
dramatique (Sophocle,
Euripide), de la sculp-
ture (Praxitèle), sans
parler même de l’archi-
tecture, se perdent,
pour ainsi dire, dans la
nuit des temps les plus
reculés.

La voix humaine fut
le premier instrument
mis à l’usage de la mu-
sique. Puis vinrent les
instruments à percus-
sion (« sonores par l’ef-
fet du choc », selon la
pittoresque et intradui-
sible expression de
M. Rubinstein), dont
les propriétés ryth-
miques s’adaptent bien
à l’expression de la
gaieté. Ensuite vinrent
le chalumeau,-—-souche
première des instru-
ments à vent ; puis les
instruments à cordes,
dont les sons furent
produits primitivement
par le pincement (la
harpe) et plus tard par
l’usage de l’archet (le
violon). Alors parut
l’orgue, simulant un
orchestre entier, puis
son maigre successeur, le piano-forte. Les pianos primi-
tifs nommés épinette, clavecin, clavicembalo, etc., ne
ressemblaient aux nôtres ni par la dimension ni par la
puissance et la plénitude du son. Les cordes étaient mises
en action par le pincement produit à l’aide du clavier;
quant aux marteaux, empruntés au cembalo ', ils ne furent
mis en usage que plus tard. L’imperfection de l’instru-

1. Instrument favori des tziganes hongrois, obligatoire parmi les
instruments à cordes de leur orchestre.
 
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