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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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Faucon, Maurice: Benozzo Gozzoli a San Gimignano, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18880#0224

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BENOZZO GOZZOLI

A SAN GIMIGNANO'

Treizième fresque. ■— Mort de sainte
Monique. Retour d'Augustin en Afrique.
— Malgré sa conservation presque irré-
prochable, cette composition est loin d'être
la meilleure de la série. Il y a de la vul-
garité dans les femmes rassemblées par
hasard dont le lit de mort est entouré,
de la raideur dans l'attitude, de la mono-
tonie et de la négligence dans la compo-
sition du groupe. Gozzoli ne fait ses
femmes gracieuses que si elles sont tout
à fait jeunes et si la copie du modèle
réchauffe et l'enthousiasme. L'apparition
du Christ enfant à Monique troue désa-
gréablement d'une tache circulaire de
lumière le fond obscur du tableau ; Mo-
nique assise sur son lit et les mains
jointes est attentive plutôt qu'émue. La
froideur stoïcienne avec laquelle Augustin
lit au chevet du lit est démentie, si nos
souvenirs sont fidèles, par une page brû-
lante des Confessions ~. Le seul dont la
douleur soit juste et sentie est Adéodat, le jeune frère d'Augustin, qui pleure sans les
contorsions disgracieuses dont Giotto entoure ses crucifiements3. Mais le défaut principal de
l'ordonnance est la prédominance, l'excès de la ligne verticale, qui introduit dans une scène de la
gravité, si on en use discrètement, de la monotonie, si on en abuse. C'est pour y remédier que
Gozzoli a accroupi devant le lit mortuaire une femme avec un enfant et relevé sur une marche la
jambe gauche d'Augustin. Procédés sans vraisemblance : que fait ici cette jeune mère? l'attitude
familière d'Augustin est-elle convenable en un pareil moment? Par contre, la droite du tableau
est délicieuse. La maison ouvre directement sur la mer dont elle n'est séparée que par l'arcade
d'un étroit portique, et sur cette mer la barque d'Augustin et de ses compagnons est emportée
voiles gonflées vers les montagnes de l'Afrique qu'on aperçoit dans le lointain. Pour s'envoler,
dégagée du corps, l'âme de la sainte ne prendra-t-elle pas la même route libre et bleue?

La quatorzième fresque nous ramène à la lunette du mur de gauche. Saint Augustin y est
consacré évèque. Les fragments encore visibles de la partie droite font vivement regretter qu'elle
soit endommagée et qu'on ne puisse embrasser d'un regard cette belle composition où, sans
symétrie régulière mais avec une exacte pondération, le clergé et saint Augustin réunis à droite
de l'autel, dans le chœur d'une ancienne basilique, faisaient équilibre aux fidèles, c'est-à-dire à des
moines, à un vieillard, à un jeune homme, à un essaim de ravissantes femmes, pointues d'épaules,

1. Voir l'Art, 7e année, tome IV, pages 125 et 189.

2. « Premebam oculos ejus et conrluebat in praecordia mea mœstitudo ingens et transtluebat in lacrymas, ibidemque oculi mei violento
animi imperio resorbebant fontem suum usque ad siccitatem et in taie luctamine valde mihi maie erat. » (Conf., IX, 12.)

3. L'un des deux moines debout auprès du lit, le plus vieux, serait selon quelques critiques Domenico Strambi lui-même.

Tome XXVII. 28

(fin)

Fresque de Benozzo Gozzoli, a San Gimignano.
Mort de sainte Monique. (Fragment.) — Dessin d'Edm. Ramus.
 
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